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La Porte du paradis (Heaven's Gate) film américain de Michael Cimino, sorti en 1980

Analyse critique

De 1870 à 1903, James Averill participe à la « guerre » du comté de Johnson qui, en 1890, dressa de pauvres immigrants d'Europe de l'Est récemment arrivés au Wyoming contre les riches propriétaires de bétail qui, depuis des lustres, élevaient d'immenses troupeaux sur les terres publiques de cet État de l'Ouest américain (terres qu'ils considéraient comme réservées aux « vrais » citoyens du lieu, c'est-à-dire eux, les « blancs américains » d'origine germanique).

Le film est découpé en trois séquences temporelles, de durées très inégales :

Le prologue montre, en 1870, l'ultime journée à Harvard de la « promotion 70 » ; centré sur deux diplômés de celle-ci (James Averill et William Irvine) clairement issus de la très bonne bourgeoisie, il alterne discours, grand bal romantique de type « valses viennoises » et joutes entre étudiants.

L'histoire proprement-dite de « la Porte du Paradis » se déroule vingt ans plus tard, en 1890, au Wyoming, plus particulièrement dans le comté de Johnson. Un conflit oppose les riches éleveurs de bétail (dont William Irvine), ayant jusque-là toujours eu la mainmise sur les « verts pâturages » du Wyoming, à une vague d'immigrés pauvres venus d'Europe de l'Est à la suite de l'Homestead Act, qui ont acheté des lopins de terre (sans que cela soit encore régularisé par un titre de propriété en bonne et due forme) autour de Sweetwater, dans le comté de Johnson (dont James Averill est le shérif) et qui ont entrepris de les cultiver.

Ce nouvel état de fait réduit d'autant les pâturages jusqu'alors dévolus aux troupeaux des éleveurs qui, furieux, accusent les nouveaux arrivants d'être, pour la plupart, des voleurs de bétail et des anarchistes ; ils les ont couchés sur une liste noire et ont recruté une milice de mercenaires-tueurs pour les éliminer. En 3-4 jours, le conflit riches éleveurs / pauvres cultivateurs (« rangers / settlers ») embrase tout le comté, prend des allures de guerre civile et culmine en une sanglante bataille, dont bien peu réchappent, hormis James Averill, qui, après démission de son poste de shérif, s'était rangé du côté des pauvres fermiers nouvellement installés.

La séquence inclut, sur ce fond de guerre civile, étroitement tressées avec lui et la vie quotidienne reconstituée de la communauté de Sweetwater, les péripéties romanesques d'un triangle amoureux composé de James Averill, Ella Watson, la jolie tenancière du bordel local, et Nate Champion, un mercenaire, finalement repenti, du syndicat des éleveurs.

L'épilogue, de 4 à 5 minutes, se passe en 1903 : James Averill, élégant mais vieilli, est sur son yacht, au large de Newport (Rhode Island). Il a retrouvé (et peut-être épousé) l'ex-jeune fille du « bal d'adieu » à Harvard, mais semble lourd de souvenirs, probablement ceux ayant trait à Ella (dont on entend le leitmotiv musical).

Le film s'inspire de faits réels connus sous le nom de « guerre du comté de Johnson » (1889-1893). Michael Cimino les a modifiés substantiellement. En réalité, Averill, loin d'être un grand bourgeois éducateur et défenseur du peuple, était un petit propriétaire de ranch ; lui et Ella Watson furent pendus deux ans avant la révolte des immigrants ; Nate Champion fut exécuté sur des accusations de vol de bétail ; et la grande bataille finale du film n'a jamais eu lieu : effrayés par le nombre des immigrants, les tueurs du syndicat des éleveurs se retranchèrent dans une grange et attendirent fébrilement l'arrivée de la cavalerie fédérale.

Échec cuisant lors de sa sortie (il est responsable en partie de la faillite de United Artists et de la fin des illusions du Nouvel Hollywood), le film jouit aujourd'hui d'une bonne réputation auprès de nombreux cinéphiles et critiques, certains le tenant même comme l'« une des sept merveilles du monde cinématographique ».

En France, l'accueil critique est également mitigé.

Olivier Eyquem critique durement : « Rarement montagne d’argent aura accouché d’une aussi malingre souris, rarement script de série B aura été traité avec tant de solennelle componction, rarement cinéaste se sera fourvoyé aussi irrémédiablement dans tous les domaines relevant de sa responsabilité ».

Par contre, en 2013, lors de la ressortie du film, Jean-Baptiste Thoret parle de: « la critique la plus implacable jamais produite de l'un des mythes fondateurs de la Nation, l'impossible alliance du peuple et des élites anglaises, l'exploitation éternelle des premiers par les seconds, le sort peu enviable des émigrants venus d'Europe de l'Est, la lutte des classes bien sûr, en lieu et place de la Pastorale promise, et le fantôme de Marx passé des terres viscontiennes à celles du Wyoming. »

Fiche technique

  • Titre original : Heaven's Gate
  • Scénario et réalisation : Michael Cimino
  • Musique : David Mansfield
  • Photographie : Vilmos Zsigmond
  • Montage : Lisa Fruchtman, Gerald B. Greenberg, William Reynolds et Tom Rolf
  • Sociétés de production : Partisan Productions et United Artists
  • Durée : 220 minutes
  • Dates de sortie : 19 novembre 1980
    • France : 22 mai 1981

Distribution

  • Kris Kristofferson : James Averill, diplômé d'Harvard et devenu plus tard, par idéalisme, marshal du comté Johnson (Wyoming) ; il y assure les fonctions de police et de justice, mais démissionnera de son poste
  • Christopher Walken : Nathan D. Champion, une « gâchette » du syndicat des éleveurs ; il a des liens d'amitié avec James Averill et, finalement, rompra avec le syndicat en constatant que celui-ci a placé Ella Watson sur leur « liste noire ».
  • John Hurt : William « Billy » C. Irvine, diplômé d'Harvard la même année que James Averill pour qui il éprouve toujours, vingt ans après, de l'amitié, bien qu'ils aient évolué différemment
  • Sam Waterston : Frank Canton, le chef et recruteur des mercenaires-tueurs à la solde des barons-éleveurs du Wyoming ; le méchant de l'histoire.
  • Brad Dourif : M. Eggleston, un des représentants des émigrants d'Europe de l'Est nouvellement arrivés dans le comté ; il est Président de la chambre de commerce de Sweetwater.
  • Isabelle Huppert : Ella Watson, la tenancière du bordel de Sweetwater (la ville principale du comté Johnson) ; Averill et Champion sont amoureux d'elle et elle les aime tous deux sincèrement, même si elle a toujours fait payer Champion
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux